27 novembre 2009

Un dîner avec Ray Kurzweil

La fiction va être utile, c’est ce que je dis très précisément, en démontant l’ensemble des arguments et en prenant le temps de les dérouler devant Ray Kurzweil. Il est là. Je lui dis qu’il est le futur et que mon corps féminin se tient prêt pour des transformations, mais qu’auparavant il faudra passer par la fiction, par des récits, par des histoires, pour donner envie de l’homme nouveau. Que l’homme nouveau soit une affaire du monde. Krust dispose du savoir faire adéquat. Ses best-sellers nombreux par lesquels il inonde le monde, se tiennent prêt, en tout cas les prochains. En tout K.

26 novembre 2009

Parlons de...

Il faudra que je vous parle de Ray Kurzweil.
Il faudra que je vous parle de Ray Kurzweil.
Il faudra que je vous parle de Ray Kurzweil.
Il faudra que je vous parle de Ray Kurzweil.
Il faudra que je vous parle de Ray Kurzweil.

20 novembre 2009

Les conseils littéraires de Larry Weber

« Est-ce que votre entreprise de pensée fictionnante a une histoire originale à raconter ? Pas le contenu du livre en lui-même, mais votre entreprise de pensée. Autrement dit : l’écrivain ou le penseur en tant qu’entité de fabrication. Alors je vous le dit ici, est-ce que votre livre est lui-même en tant qu’objet une histoire originale à raconter ? Une histoire si captivante et si unique que nous soyons prêts à payer pour y croire, pour en faire partie. Parce qu’à chaque fois qu’un consommateur achète votre livre, il se sent participer d’un réseau occulte, il se sent un autre que celui qu’il est, qu’il s’imagine faire quelque chose de dangereux, quelque chose d’interdit, que le consommateur se sente impliqué dans des évènements qui le dépasse. Il faut toucher le fantasme même du consommateur, ses fantasmes de sortir de sa petite vie bien pourri. Il faut lui faire vivre son fantasme, non pas dans la fiction, mais par tous les aspects extérieurs au livre, les éléments qui ont construits le livre. Parce que vous comprenez bien que l’histoire du livre doit laisser des indices, des vrais indices qui peuvent se rencontrer véritablement, dans des lieux existants, sur le réseau, dans des jeux vidéo multijoueurs sur internet. Le consommateur n’achète pas qu’un livre, il achète tous ce qu’il représente en potentialité de fantasmes vivants. C’est tout cela une entreprise fictionnelle. Lorsque vous écrivez un livre, ce qui doit prendre le moins de temps c’est l’écriture elle-même, ça c’est subalterne, d’ailleurs cette activité doit être absolument externalisée, des ateliers de confection peuvent être établis facilement, installez-le en Chine, la main d’œuvre sera peu chère, et des histoires ils n’ont pas arrêté de s’en raconter pour se constituer en tant que peuple. Lorsque vous pensez un livre, l’enjeu principal est de ne pas rater son objectif, mais imaginer un produit pour ne le vendre qu’à 5000 unités, c’est décevant. Bien entendu c’est au long terme qu’il faut également penser, il faut investir dans l’innovation, prendre des risques. »

Voici les conseils de Larry Weber, stratège du marketing américain.

19 novembre 2009

Karl Rove

Je travaille actuellement sur Karl Rove, je communique avec des activistes à ce sujet, Second life est très utile pour se cacher sous des pseudonymes, je retranscris ici quelques dialogues que nous avons eu.

- Karl Rove est-il si démoniaque que cela ? Il veut juste défendre son point de vue. Qu’y peut-il si en face de lui se tiennent des billes ? Il utilise juste des moyens de son époque, essentiellement l’industrie du spectacle. Certains empereurs romains étaient acteurs de théâtre, ils savaient jouer un rôle. Nous disons que Karl Rove est l’initiateur de la « stratégie de Schéhérazade ». S’agit-il de reconfigurer le monde ? Répand-t-il ses fictions sur le monde ? Nous parlons d’une politique transfictionnelle. Nous parlons de proposer une contre-narration au monde.


- Qu’ont-ils dans leur tête ? Comment imaginent-ils se placer dans la société ? A quelle hiérarchie ? Il y en a plusieurs des Karl Rove, je veux connaître leurs pensées. Se pensent-ils les maîtres du monde ou les plus grands écrivains ? Est-ce eux, les plus grands écrivains ? Ils écrivent des fictions réalistes qui font fonctionner la géopolitique du monde. Leurs fictions font faire de l’action au monde. Oui, j’ai devant moi des écrivains bien plus ambitieux que moi, j’ai devant moi le futur de la fiction.

- De quelle manière marche le monde réellement ?

- Ce n’est plus de cette manière que marche le monde réellement. Lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Nous construisons les réalités du monde. Aussi bien eux que nous. Nous sommes chacun, nous sommes tous. Et dans K ils sont aussi bien nous que nous sommes eux. J’aime Karl Rove parce qu’il défend jusqu’au bout ses idées, ses moyens ne sont pas légaux et alors ? Les notre non plus ne le seront pas. Sonia Wolguelane nous montre le chemin.

17 novembre 2009

Les traders sont une figure de l'extrème

Il n’est pas si loin, Krust, d’être une figure aimée des activistes. Il est ambivalent. Ils sentent bien qu’il n’est pas clair, qu’il joue sur les deux tableaux, qu’entre K et lui existe un tas de pensées controversées. La figure du trader le rebute, il établie des parallèles douteux, même moi je m'y suis mise, j'imagine l’équivalence entre le trader et la personne qui dit avoir été enlevée par des extraterrestres. Personne n’a émis ce doute qu’il pouvait y avoir une égalité de traitement entre ces deux figures de l’extrême.

14 novembre 2009

Ayn Rand + bolchevik

Je monte des raccourcis faciles, des raccourcis terribles, mais le procès est une tradition de son pays d’origine. Ayn Rand, lorsqu’elle s’appelait Alissa Zinovievna Rosenbaum, étudiait la philosophie en Russie, parce que les femmes étudiaient dans les 20 dans ce pays des matières inutiles à l’action direct de l’argent, je suis en train de l’apprendre dans le livre d’Orlando Figes que je lis. Le changement de nom s’opère une fois aux USA, sa famille d’origine juive fut persécutée par les bolcheviks, je sens que je rapproche des antinomies, comment une Russe avec des études de philosophie devient scénariste à Hollywood, puis la romancière du livre le plus influent au pays de K. L’histoire familiale laisse des traces, elle la fera payer à ses serviteurs zélés de son cercle de réflexion tout à sa gloire, elle excommunie et prophétise, elle fait des procès et amène dans son pays d’adoption les méthodes de son enfance.

Je sais qu’Ayn Rand aurait fait une bonne bolchevik des années 20, ses procès étaient tout autant kafkaïens, Nathaniel Branden m'avait dit comment, oui, le Nathaniel Branden du Nathaniel Branden Institute qui propulsa à travers tous les campus américains le bonne parole randienne, lui-même qui susurra à mes oreilles l’action vulgaire par laquelle il fut apostasié en 1968, il reçut de son meilleur ami une lettre lui déclarant que la seule chose morale qu’il pouvait faire était de se suicider.

13 novembre 2009

Ayn Rand

Dans l'avion, une femme en tailleur lisait Atlas Shrugged d'Ayn Rand. Le poids et la couverture du livre est facilement reconnaissable. J'avais cette soudaine envie de parler d’Ayn Rand, de chuchoter dans l’ambiance feutrée d’un salon, de prononcer Atlas Shrugged, cette envie de lui poser la question, who is John Galt ?

Etais-je libertarienne dans mes vingt ans ? Je voulais m'approcher de cette lectrice, lui dire, lui glisser dans l'oreille  "- Nous voici de retour au monde."

Je prends des raccourcis dans les airs, j'amalgame les époques et les systèmes de pensées, je propulse des équivalences, c’est nébuleux soudain, Atlas Shrugged écrase la cuisse de la lectrice, lui laisserait une trace, le livre s’applique désespérément à s’enfoncer dans le corps même de son lecteur, elle était lourde parfois Ayn Rand, elle condamnait l’humour et les traits d’esprit, la nourriture et la sexualité, mais cette lectrice se faisait mal visiblement à la cuisse, j'aurais voulu la soulager, jeter le livre par terre ou au moins sur le sol de l’avion, soigner cette cuisse contrite, lui appliquer de la pommade relaxante.


12 novembre 2009

Dans l'avion pour Stockholm

J'allonge mes jambes, sors de mon sac Les chuchoteurs, vivre et survivre sous Staline, d’Orlando Figes, ma chronologie ne sera jamais celle des autres, je ne me laisse pas influencer par des dates, ne confonds pas mon désir et ma capacité à être là avec cet objet du passé, je lis et apprends la liberté sans K, je sais que c’est maintenant que tout est possible, qu’être bolchevik en 1920 ne permettait rien, que les seules traces qui en restent maintenant sont les chuchotements de leurs enfants, nous ne lisons pas Le ciment de Fiodor Gladkov, nous lisons Ulysse de James Joyce parce qu’il comporte l’idée d’un voyage avec des extraterrestres.

J'allonge mes jambes, repense à l’architecture de la pièce où s'est trouvée Betty Hill, la pièce elle-même est une forme de vie, du moins il fallait en donner l’impression. Je sais que l’architecture organise nos vies différemment. Je suis heureuse de trouver cette correspondance dans le livre d’Orlando Figes, d’y lire «qu’en forçant les gens à partager des appartements communautaires, les bolcheviks croyaient pouvoir les rendre communistes dans leurs formes élémentaires de pensée et de comportement. » Oui, j'ai préparé le même stratagème et je ris de me savoir à l’arrière-garde bolchevik 80 ans après, un décalage qui me permet d’être libre en mon pays. « A compter du milieu des années 1920 furent conçus de nouveaux types de logement en vue de cette transformation. »




30 octobre 2009

Macau d'Antoine Volodine



Le dernier livre d'Antoine Volodine, mon grand écrivain français, cet homme mystérieux aux nombreux noms, est en librairie. Il faut lire Songes de Mevlido, paru en 2007, ce chef-d'oeuvre total. Il faut lire Avec les moines soldats, paru en 2008, sous le pseudonyme de Lutz Bassmann, autre grand livre.

Antoine Volodine est ce qui s'écrit de plus ambitieux en France, actuellement.

Voici son nouveau livre, Macau, un petit livre, un espace de repos, un objet auquel il tient sans doute, alors traitons-le avec respect. Mais disons-le franchement, avec la même égalité, c'est une fiction mineure. J'attends, alors, le prochain livre avec empressement, parce que je guettais celui-ci depuis plusieurs mois avec l'avidité de la passion. Moi, et aussi plusieurs activistes de rencontre, qui parce qu'ils connaissent mes origines françaises imaginent que je connais personnellement tout le monde. Non, je n'ai jamais pu rencontrer Antoine Volodine, trop secret, sans doutes n'a-t-il même pas remarqué mes demandes de rendez-vous.

Les activistes savent à quel point Sonia Wolguelane est étourdissante, nous avons tous hâte de lire ses nouvelles aventures.

Nous attendons.
Nous attendons.
Nous attendons.

En attendant, un extrait de Macau, ce qui n'est déjà pas si mal :

« A force de ne vouloir voir que les restes, ton territoire se rétrécit, et un jour tu te rends compte que tu ne te promènes plus que dans les allées horribles qui séparent les arrières des petits immeubles du port intérieur. Tu ne vas plus dans les ruelles, ou plutôt tu les parcours comme un simple début prometteur de chemin, jusqu’au moment où tu peux t’enfoncer entre les murs, dans ces canyons répugnants, surchargés de climatiseurs rouillés, de tuyaux infâmes et de déchets. Tu ne cherches plus rien, tu ne remues plus que des ombres déprimées de souvenirs, tu ne revisites plus la ville dans laquelle tu as vécu, dans laquelle tu as aimé et dans laquelle tu as connu les peurs et les passions déglinguées de l’exil. Tu ne scrutes plus en toi l’écho des témoignages, non, tu es à présent une forme animale qui marche sans but dans un paysage de couloirs sales. Tu n’es plus exactement à Macau, dans les quartiers du port intérieur, Patane, Barra, tu es plutôt entré dans une abjection imaginaire, dans un lieu où les vivants ne circulent pas et qui ne correspond à aucune histoire personnelle, et qui ne t’apporte rien, sinon une sensation de dégoût, qui te dégoûte pour rien. On a envie de te dire de réagir, on voudrait t’inciter à t’éloigner, à tout faire maintenant pour ne pas devenir peu à peu une créature à l’envergure mentale limitée, aux obsessions voisines de celles qui caractérisent les cafards. »

24 octobre 2009

"Stanislas Petrov nous a sauvé la vie" Stanislas Kirski

Stanislas Kirski m'a dit : "Mais dans mes rêves, je vois des missiles décoller, dans toute leur puissance. Le 26 septembre 1983. Je suis Stanislas. Oui, c’est mon prénom. Je suis ce Lieutenant-Colonel. Je vois cinq missiles lancés par les américains. C’est le signal que je reçois du satellite de mon système politico-économique. Il s’agit d’un satellite fiable. En raison de sa provenance, se sont mes camarades technoscientifiques qui l’ont construit. Ma doctrine est fiable. En 1983, je ne connais pas l’opulence du soldat américain. Je ne conduits pas un pick-up, je ne baise pas une américaine aux seins opulents, je ne dispose pas de la possibilité de manger la viande de bovins nourris par les prémices de maïs transgénique de la multinationale Monsento.


J’ai beaucoup de logique en moi. S’il s’agissait d’une véritable attaque de ces salauds de militaires américains qui bouffent de la viande grasse d’américaines teintées en blondes, le nombre d’engins serait beaucoup plus élevé.

Je n’ai pas été torturé. Mon double soviétique qui n’est pas moi, je le sais, j’ai déclenché l’alerte, j’ai tué définitivement toute possibilité de civilisation.

Stanislas Petrov n’a pas été torturé. Il a seulement été mis en retraite anticipé. Anticipant les retraites contraintes dans les industries de K ?

La torture était depuis longtemps une pratique abandonnée. Andropov, justement, y est pour beaucoup.

Nous savons. Nous le savons. L’alarme a été provoquée par un accroissement de l’activité solaire. Cela n’avait pas été intégré dans le logiciel du détecteur.

Les gouvernements des deux empires jamais n’auraient voulu cela. La logique oui. La logique est si puissante parfois. La logique militaire. La logique humaine de Stanislas Petrov, issu d’une logique militaire, qui plus est communiste, oui même la logique à la fois militaire et communiste, inconcevable pour toi de maintenant, c’est ce qui a permis que mon rêve ne soit pas vrai.

Parce que moi, je ne suis ni militaire ni communiste. C’est sans doute pour cela, me dit mon psychiatre américain, que j’aurais très certainement, par mon manque de courage, par la lâcheté de mon mode de vie, déclenché la guerre fatale. La guerre mondiale de trop.

Parfois, la viande d’une grosse américaine trop bien nourrit…

Il y a eu autant d’héros américains. Autant de cas.

Autant de K.

Tu crois très certainement, que c’est le 26 septembre que je me suis retrouvé dans ce bunker ultra-militarisé, à deux portes du clown Ronald Mc Donald. Amateur de Hamburger. Si R. Reagan était si proche de moi, ce fut au tout début du mois de novembre. L’OTAN entame un exercice.

« Able Archer 83 ».

Une opération insensée qui consiste à vérifier le bon fonctionnement des procédures de contrôle et de commandement et de communication qui permettraient l’utilisation des armes nucléaires. Rien de moins. Tout à fait banal. Chacun s’amuse avec ce qu’il a sous la main.

Ce n’était pas le bon moment.

La date était mal choisie.

Or il s’agit de simulation.

Et chacun opère des simulations. C’est d’ailleurs de simulations que produisent les rêves.

Or, les militaires soviétiques pensent que si les USA devaient provoquer une attaque surprise, se serait pendant un exercice de simulation de l’OTAN. Une fausse simulation donc.

Capable de dissimuler des préparatifs jusqu’au dernier moment.

La grande crise de 1983 ou la fin du monde sans que personne ne le sache.

Alerte maximale de certaines forces stratégiques communistes.

Tu imagines le sang froid.

Si la logique informatique, si la technique et le cerveau des logiques techniques avait pris le dessus… Je te le dis, je le sais maintenant, seuls les reflexes humains nous ont préservés du pire. Oui, le propre de l’homme c’est de ne pas avoir, parfois, appuyé sur un bouton déclencheur, et parfois à une échelle très fine, celle d’un pilote d’avion, oui, à ces moments terribles, dans ce début du mois de novembre 1983, un pilote communiste avait au bout de son doigt le contrôle total. Au bout de son doigt, la capacité de ses missiles, plusieurs, et dedans les bombes H.

Un seul doigt.

Celui d’un militaire communiste."

23 octobre 2009

1983, année du risque atomique

Je reprends, jusqu'à la fin de la semaine, des extraits des longs entretiens que j'ai eu l'occasion d'avoir avec Stanislas Kirski, l'année dernière. Il est mort désormais et son nom peut enfin être prononcé.

"Mes rêves ne sont pas là, mes rêves ont oublié jusqu’à cette date, mes rêves ne se souviennent que de l’automne 1983, j’étais dans ce bunker, cette fois ils ont faillis m’atomiser mes camarades, m’envoyer un gros missile au plutonium dans le cul, et cette fois j’y ai crus plus que cette tenaille qui allait me faire sortir mes dents une à une.
Si j’avais été Stanislas Petrov, aurais-je transmis les informations données par les détecteurs ?

Aurais-je été torturé si je ne l’avais pas fait ?

Stanislas Petrov est un homme. C’est certain. Il appartient à l’espèce humaine. S’est-il sentit plus homme de l’humanité universel ou homme communiste ?

Comment a-t-il pu désobéir ?

Le 26 septembre 1983, le satellite OKO.

OKO.

Le symbole « O » entoure ce K que ne saurait voir l’URSS. Le communisme comme alternative de l’expérience politico-économique à K.

OKO est un satellite d’observation.

Il signale à trois reprises le lancement de missiles intercontinentaux américains.

Tu fais quoi ?

Va-t-on me torturer si se sont des vrais ?

Je suis Stanislas. J’ai deux filles.

Il a deux filles.

Comme moi, il se nomme Stanislas.

Je suis lieutenant-colonel. Si je donne les informations des détecteurs, à tout moment la logique militaire de mon pays, la logique de mon environnement quotidien, et l’américain aurait fait de même, oui, le militaire américain aurait fait de même, oui, l’URSS aurait pu déclencher une attaque nucléaire contre mon nouveau pays qui ne songerait jamais à me torturer. Aucune de mes erreurs prédictives n’auraient donné des arguments en faveur des hommes patibulaires et manipulateurs des services spéciaux américains pour me torturer dans cette pièce si sordide pour vendre mon amour. A part ce connard de McCarthy, mais quand je suis arrivé il n’était plus qu’un alcoolique minable en train de crever du foie. Même en 1989, lorsque je prédisais avec fougue, et que tous m’écoutaient : « continuez la guerre totale des étoiles ! Je ne leur donne pas trente ans ! » Six mois après l’empire soviétique se trouait de partout. Fin de l’expérience. Game over. Pendant une semaine je ne dessaoulais pas. Vodka sur vodka. En une semaine j’ai pu faire dix cirrhoses du foie.

Là fois où le monde a faillit disparaître. Le 26 septembre 1983. Et il y a eu d’autres cas, des dates qui devraient être fêtées, des cas où une seule personne a eu un rôle pour l’humanité entière, un personne qui n’était ni Reagan ni Andropov. Une personne qui n’était président de rien.

Un militaire.

J’adore les militaires. Se sont eux qui ont sauvé le monde. Les seuls hommes capables de faire exploser tous les pays et ne l’ayant pas fait. Des hommes remarquables.

Le militaire est ce métier le plus beau du monde, la grandeur de l’espèce humaine, quand ils avaient les moyens de tout exploser, ils ne l’ont pas fait. Et vous voulez les accusez d’un crime insensé parce qu’ils auraient dissimulé des informations à propos des extraterrestres ? Mais les seuls héros de l’histoire humaine, se sont les militaires !

Stanislas Petrov est l’officier de garde. Il pense avec ses rêves. Ses rêves lui disent que les signaux de OKO sont dus à un dysfonctionnement du système de détection du satellite. Il ne déclenche pas la procédure d’alarme.

Il est exceptionnel qu’un homme endoctriné ait joué un rôle aussi important dans l’histoire de l’humanité en n’appliquant pas les consignes pavloviennes qui lui ont été inculquées.

Parce que la doctrine nucléaire soviétique était à cette époque là précisément la frappe sur avertissement.

Ce qui signifie le départ de toutes les fusées préventives.

La prévention signifie la mort de l’autre avant sa propre mort.

La prévention signifie avant même d’avoir reçu une explosion sur mon territoire j’envoie mes missiles sur l’autre territoire. Des missiles devant agir préventivement.

Bref. Sensées exploser à quelques minutes d’écart.

Et je sens dans mes rêves, agissant au même niveau que des fantasmes, c’est ce que me dit mon psychiatre américain, une profession réprouvée par mes descendants communistes, mais Petrova n’a pas eu le temps de m’en donner, Petrova, je ne lui ai pas donné la chance de m’en faire, Petrova, avais-tu dans ton ventre le corps de ma descendance ?

Je me pose cette question."

22 octobre 2009

La confession de Stanislas Kirski

J'ai été malade. Quelque chose qui prend à la gorge. Je ne me replonge que maintenant dans la longue confession de Stanislas Kirski. Je réécoute sa voix, sa voix de vieux, sa voix de cancéreux, elle me touche, j'ai ma gorge qui se resserre. Et lorsque je retranscris, je me souviens de l'émotion, il était déchiré, Stanislas, il était déchirant.


"Pourtant, je l’ai souhaité cette chute.
Tu ne peux pas savoir à quel point je l’ai souhaité cette fin. J’avais des raisons très personnelles. Je voulais les voir crever ! Tous ! Sale peuple de merde. Je voulais…

Tous les experts militaires, toutes les agences d’espionnage et de prédictions venaient me voir, ils me payaient cher, très cher, j’étais adulé, parce que je prédisais juste, que j’étais fin, le meilleur spécialiste qu’ils disaient. J’étais devenu cet américain respectable. Je connaissais le cœur du peuple soviétique. T’ai-je dis que j’avais des raisons personnelles ?

1989 ? Aucune possibilité de transformation ! Continuer la stratégie de la guerre des étoiles. L’URSS ne lâchera rien. Enfin tout de même, la crise de Cuba c’était du pipi par rapport à 1983.

Hein ! Qui se souvient de 1983 ?

Moi, je faisais dans mon froc.

Et tous les militaires péteux du Pentagone idem. Tu comprends ? Non ! Tu ne sais pas ce qui s’est passé en 1983.

J’y étais, moi.

J’ai mis mes deux enfants américains, oui, mes deux filles, je les ai envoyé dans l’océan atlantique sur un bateau, avec l’ordre de ne jamais accoster.

Moi, j’étais un expert, très précieux, j’étais dans un bunker, entouré de militaires pétochards qui pleuraient leur mère.

Je me souviens à un point crucial de cet automne 1983. La tension qu’il y avait. Je te le dis avec la chair de poule. Le 1er septembre, un avion de Korean Airlines est abattu par un chasseur communiste. Il a pénétré par erreur dans le territoire aérien soviétique. L’erreur surtout, se fut le passager principal. Un membre du congrès. Tu imagines le problème. Les extraterrestres auraient fait moins de dégâts.

Le 26 septembre, oui, le 26 septembre 1983, le monde aurait pu s’arrêter, les bombes ont failli être lâchées, les russes auraient commencé, j’ai cette scène sans cesse dans mes rêves, je le sais, j’imagine que je suis Stanislas Petrov. Qu’aurais-je décidé à sa place ? Je pleure à chacun de mes rêves.

Si je rêve, je ne rêve que de cette scène. Je suis Stanislas Petrov. Et j’applique le règlement qui m’a été inculqué savamment. Suis-je un homme ? Suis-je ce nouvel homme communiste ? Pourquoi ai-je trahi ? Pourquoi j’ai donné le nom de mes amis ? Pourquoi la torture a cette capacité terrorisante sur moi ?

Je n’ai pas été torturé !

Tu ne le sais pas, je ne suis pas ce héros, un à un j’ai donné les noms de tous mes amis, mes amis innocents, à l’époque c’est comme si je donnais le nom de mes filles, oui, Petrova, j’ai donné le nom de mon amour éternelle. Je suis ce minable terrorisé qui sait.

Je sais à quel point la possibilité de la torture m’a fait tuer mon amour. Petrova…

Tu comprends mes raisons de les faire tous crever.

Tu comprends l’immense haine de mon destin.

Ma fuite. Ma reconversion à K.

J’aime K.

J’adore l’idole K.

L’Amérique m’a sauvé."

13 octobre 2009

Stanislas Kirski est mort

Il m'a fallut du temps, beaucoup d'astuces, de nombreux contacts pour approcher Stanislas Kirski. Cette personne de l'ombre dont le nom n'apparaît nulle part. Lentement j'ai du l'amadouer. Nos conversations prenaient à chaque fois des directions improbables. J'ai tout enregistrée, en cachette. Maintenant qu'il est mort, dans le secret, je peux retranscrire nos conversations. Elles étaient décousues, il était vieux déjà, et les confessions que parfois j'obtenais prenaient un caractère personnel. Je m'attendais à quoi ? A des secrets inconnus ? A de l'inédit ? Ai-je été déçue du coup ? Non. J'y ai trouvée des confirmations. Je vous les livre maintenant. Il s'agit d'un hommage. Je suis triste.


Stanislas Kirski : "L’expérimentation politique, cela existe, cela a déjà eu lieu. Il y en aura encore. Actuellement, nous expérimentons, même si nous n’avons pas cette impression, puisque nous sommes dedans, nous nous plaignons souvent. D’ailleurs, ce qui est expérimenté, cette fois à l’échelle du monde entier, est proprement inédit. Des prouesses, il s’agit bien de prouesses politiques, menées avec le risque le plus grand. Comment faire accepter la pauvreté par ceux-là même qui la subisse ?

Mais, effectivement, tout ceci découle d’une expérience. Il faut se rendre compte à quel point la personne humaine s’est habituée à cette épopée communiste. Et à quel point elle s’est habituée, inversement, à la chute incroyablement brutale de ce même communisme. Une habitude pour ceux n’habitant pas cette double expérience, mais il s’agissait là sans doute d’une habitude évidente. Par contre, plus inhabituelle était l’attitude des populations entière qui dans un premier temps se sont trouvées obligées à participer à cette expérience, et qui subitement, alors qu’il n’y avait pas raisons d’espérer un changement, ont du vivre sous un régime politico-économique radicalement différent. Ils s’y sont habitués avec le même dépit.

Cette question de la fin de cette épopée me touche beaucoup. J’ai peur pour mes enfants. Après soixante-dix années de tension, de désordre dans le monde du fait même de cette expérimentation, soudain finir dans un tel désastre. L’évènement fut sans aucun équivalent dans l’histoire des hommes. L’effondrement du monde soviétique correspond en bonne logique à une guerre totale, qui aurait vu ce vaste territoire exsangue. Or, même la longue attaque nazi sur son territoire, la poussant presque à la défaite, n’a pas eu raison de cette expérience.

Parce que c’était une expérience vivante. Une expérience du vivant. Il existait cette volonté de changer l’homme. De le transformer. De le faire autre. Question de l’éduquer.

Et là, si soudain, l’URSS s’écroule. Complètement. Elle adopte le modèle économique de son pire ennemi. Il faut comprendre ce que peut signifier se retournement. Un retournement sans équivalent. Du jamais vu. Aucun empire humain n’a chuté si rapidement sans invasion extérieure. C’est incompréhensible !

Je ne comprends pas. Nous ne comprenons pas. Personne ne comprend. Et toutes les études que je mène, exclusivement sur ce sujet, n’aboutissent qu’à de vagues pistes générales. Je connais la chronologie. Je sais ce qui s’est passé. Je suis un spécialiste reconnu.

Je ne comprends pas.

Pourtant, je l’ai souhaité cette chute..."

9 octobre 2009

Bruno Latour Vs Romanciers

J'en termine ici avec ma lecture de Sur le culte moderne des dieux faitiches, de Bruno Latour, à paraître le 15 octobre.
« En joignant les deux sources étymologiques, nous appellerons faitiche la robuste certitude qui permet à la pratique de passer à l’action sans jamais croire à la différence entre construction et recueillement, immanence et transcendance.

Dès que nous commençons ainsi à considérer la pratique, sans plus nous préoccuper de choisir entre construction et vérité, toutes les activités humaines et pas seulement celles des adeptes du candomblé ou des savants de laboratoire se mettent à parler de la même passe, du même faitiche. Les romanciers ne disent-ils pas, eux aussi, qu’ils sont « emportés par leurs personnages » ? On les accuse, il est vrai, de mauvaise foi, les soumettant d’abord à la question : « Fabriquez-vous vos livres ? Etes-vous fabriqués par eux ? » Et eux de répondre, obstinément, comme les Nègres et comme Pasteur, avec l’une de ces formules admirables dont le sens risque toujours de se perdre : « Nous sommes les fils de nos œuvres. » Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’ils font de la dialectique et que le sujet s’autopositionnant dans l’objet se révèle à lui-même en s’aliénant à travers lui, car les artistes, se moquant éperdument du sujet comme de l’objet, passent justement entre les deux, sans effleurer à aucun moment ni le sujet maître de ses pensées ni l’objet aliénant. »

Bruno Latour Vs Alien

Je continue ma lecture de Sur le culte moderne des dieux faitiches, de Bruno Latour, à paraître le 15 octobre à La Découverte. Et j'y trouve de curieuses occurrences avec l'objet même de mes recherches.
« Le monde sans fétiches se peuple d’autant d’aliens que le monde des fétiches. »
Voici une phrase vraiment incroyable, d’autant que Bruno Latour lui-même appuie sur le terme aliens.
« L’inversion de l’inversion donne accès à un univers aussi instable que le monde prétendument inversé par la croyance illusoire dans les fétiches. Les antifétichistes pas plus que les « fétichistes » ne savent qui agit et qui se trompe sur l’origine de l’action, qui est maître et qui est aliéné ou possédé. »
Bruno Latour, dans le même paragraphe, relie aliens et aliéné. Il n’y a sans doute rien de fortuit ici. D’autant que deux pages plus loin peut se lire : « le penseur critique, fils des Lumières, ne cesse, on le voit, de manipuler lui aussi des invisibles ; ce grand désaliénateur multiplie les aliens. »
La question extraterrestre agit-elle sur nous comme un fétiche ? Ce lien ne m'était jamais apparu jusque là.

6 octobre 2009

Le nouveau livre de Bruno Latour en avant première




Je viens d’apprendre que le nouveau livre de Bruno Latour, celui dont je parlais il y a quelques jours, sort en librairie en France le 15 octobre. C’est un évènement. Je ne sais plus par quel cheminement il m’est arrivé, bref, je vous livre ici à nouveau des passages, ceux qui en les détournant très légèrement de leur sujet initial, en les reliant à la thématique du phénomène extraterrestre, prennent un objectif différent. C’est justement dans ce léger décalage à effectuer sur ses textes, que la pensée de Bruno Latour prend toute son ampleur.
« Comment définir un antifétichiste ? C’est celui qui accuse un autre d’être fétichiste. Quel est le contenu de cette plainte ? Le fétichiste, d’après l’accusation, se tromperait sur l’origine de la force. Il a fabriqué l’idole de ses mains, avec son propre travail humain, ses propres fantasmes humains, ses propres forces humaines, mais il attribue ce travail, ces fantasmes et ces forces à l’objet même qu’il a fabriqué. […]
Dès que l’antifétichiste dévoile l’inefficacité de l’idole, il plonge en effet dans une contradiction dont il ne se sortira plus. Au moment même où l’on veut que le fétiche ne soit rien, voilà qu’il se met à agir et à tout déplacer. Il est capable, en particulier, d’inverser l’origine de la force. Mieux encore : puisque, d’après les antifétichistes, l’effet du fétiche n’a d’efficace que si son fabricateur en ignore l’origine, il doit être capable de dissimuler totalement sa propre fabrication. Grâce au fétiche, d’un seul coup de baguette magique, son fabricateur peut se métamorphoser de manipulateur cynique en berné de bonne foi. Ainsi, bien que le fétiche ne soit rien que ce que l’homme en fait, il ajoute pourtant un petit quelque chose : il inverse l’origine de l’action, il dissimule le travail humain de manipulation, il transforme le créateur en créature. Comment nier l’efficace d’un objet capable de tant de prodiges ? »

Je me pose une question : une soucoupe volante peut-elle être considérée comme un fétiche ?
Je me pose une seconde question : usons-nous des soucoupes volantes comme d'un fétiche ?

2 octobre 2009

Les travaux de Bruno Latour (2)

Je poursuis ici la retranscription de la conversation avec ce jeune fictionnaire, il utilise les travaux de Bruno Latour pour fabriquer de la littérature :
"J’ai donc croisé des méthodes, en continuant mon résonnement, de toutes les disciplines dont je découvrais le savoir. Par exemple, j’ai croisé des méthodes venues de l’ethnographie en les appliquant à des sujets nouveaux, avec les vieilles méthodes usées de la sémiotique utilisées pour les textes de fictions, et cela pour tenter de comprendre les éléments invisibles dans les textes littéraires.
A quoi ça m’a servi ? A comprendre les principales erreurs des grands textes vis-à-vis du futur. La littérature est une discipline qui elle aussi, comme toutes les autres disciplines du savoir, doit s’inscrire dans une démarche de progrès, de mise en abîme du progrès. Et les grands textes sont ceux qui marquent comme autant d’étapes les moments clés de découvertes essentielles. Parce qu’il y a des jalons de posés, que des généalogies se forment, des textes sont devenus importants. C’est ce qui explique pourquoi ce sont eux que l’on retient, que l’on sauvegarde, que l’on utilise alors. Parce qu’il existe cette flèche du temps en direction de ce vers quoi va notre futur. Saine émulation.
A quel type de résultats cette construction m’a-t-elle conduit ? Et bien, je dois bien l’avouer, essentiellement à des résultats négatifs ! Même si ce n’est pas en soi un résultat, je pense avoir donné à la langue spéculative de Pierre Guyotat un certain nombre d’applications."

1 octobre 2009

Les travaux de Bruno Latour

J'avais rendez-vous ce matin avec un jeune fictionnaire spécialisé dans les travaux de Bruno Latour. Il applique à la littérature des méthodes nouvelles issues directement des recherches de Latour. J'ai enregistrée toute la conversation, je retranscris ici le début de ses propos :
"J’utilise des outils qui viennent de la génétique, ce qui me permet de poser des questions intermédiaires entre l’abstraction de la fabrication littéraire et l’abstraction de la conception même de la vie. Je déplace ainsi l’objet de la recherche d’une discipline de vérité scientifique travaillant sur du concret, ça marche ou ça ne marche pas, à une discipline d’investigation purement fictive sur le vivant.
Parce qu’à bien y penser, l’écart entre les disciplines terrestres est bien minime si nous le comparons au savoir inconnu d’espèces extraterrestres. Et puis, il faut ajouter que la littérature travaille elle aussi sur le vivant, que c’est même son principal matériel, le matériel fictionnel de base, celui appris dans toutes les bonnes écoles et les universités où s’apprennent les techniques de fabrication de nos bons romans.
Oui, à y regarder à la fois de plus près et de plus loin, l’analogie que j’effectue entre ces deux disciplines tient la route. Et je peux utiliser les outils de la génétique afin de les injecter dans ma discipline du savoir, celle que je connais, celle que je manipule, et je me sens de plus en plus généticien. Oui, là, je vous le dis, je suis un généticien et je crée des formes qui n’étaient pas à l’ordre du jour jusqu’ici."

29 septembre 2009

Je lis Bruno Latour



Bruno Latour est ce grand professeur dont il faut lire les aventures prolixes.
Je lis chacun de ses ouvrages depuis quelques années. Vient de sortir Sur le culte moderne des dieux faitiches, publié par la Découverte.
J'y lis ceci qui m'intéresse au plus haut point :
"Le seul exemple de croyance naïve que nous possédions viendrait donc de la croyance naïve des savants dans le fait que les ignorants croiraient naïvement ? Pas tout à fait, car il existe en effet des ignorants qui miment assez bien l'image que les savants voudraient qu'ils donnent d'eux-mêmes. Les photographes de soucoupes volantes, les archéologues des cités spatiales perdues, les zoologistes sur la trace du yéti, les contactés par les petits hommes verts, les créationnistes en lutte contre Darwin, tous ces gens que Pierre Lagrange étudie avec l'attention passionnée d'un collectionneur cherchent en effet à fixer des entités qui auraient apparemment les mêmes propriétés d'existence, le même cahier des charges, que celles qui , d'après les épistémologues, sortent des laboratoires. Chose curieuse, on les appelle "irrationalistes", alors que leur plus grand défaut vient plustôt de la confiance éperdue qu'ils manifestent dans une méthode scientifique datant du XIXè siècle, pour explorer le seul mode d'existence qu'ils parviennent à imaginer : celui de la chose, déjà là, présente, en attente d'être fixée, connue, têtue. Personne n'est plus positiviste que les créationnistes ou les ufologues, puisqu'ils ne parviennent même pas à imaginer d'autres manières d'être et de parler que de décrire des matters of fact. Aucun savant n'est si naïf, du moins au laboratoire. Si bien que, paradoxalement, le seul exemple de croyance naïve que nous possédions, semble provenir des irrationalistes qui prétendent toujours renverser la science officielle avec des faits obstinés cachés par un complot."
Bruno Latour renverse le point de vue le plus courant. Et il est passionnant. Malheureusement, il s'appuie ici sur la thèse de Pierre Lagrange, dont les bribes de travaux qu'il a publié m'ont plus que réservée. L'action des évènements auxquels il s'intéresse semble le dépasser, Pierre Lagrange ne développe pas, pour l'instant, une pensée claire et déterminée, j'attends toujours de lui son grand livre.

25 septembre 2009

Un nouvel activisme

Karlène et Sonia sont devenues des activistes invisibles sur le réseau Internet. Leurs traces sont effacées régulièrement. Sonia peut apparaître parfois dans les jeux en lignes, sous la forme d’avatar, mais seuls les initiés perçoivent que c’est elle.
J’ai cru voir une fois Karlène, à ce restaurant, il y a quelques mois, était-ce elle ? L’homme en face d’elle était ravi, Karlène sait se mouvoir et apparaître comme une énigme.
Il est devenu évident pour moi, pour Krust également, que l’activisme politique prend une tournure inédite. L’utilisation du corps est ce moyen pratique d’amener de riches potentats économiques à une nouvelle jouissance. C’est la logique même du capitalisme. Des histoires filtrent des prestations bénévoles de Karlène. Son pouvoir de séduction est à la hauteur de l’ambition professionnelle de ces grands patrons.

23 septembre 2009

L'activiste Karl n'existe plus sur le net

Karl est devenu Karlène. N'y a-t-il que moi qui le sache ? Paul Devautour le sait qui traque les traces de Karlène. Karl est devenu Karlène et il a effacé toutes les traces de son activité d'activiste sur le net. Des Net-toyeurs sont intervenus. Ils ont pu prendre le nom de nettoyeurs de blogs. Plus sûrement, Karl a utilisé les services d'une entreprise essentielle : ReputationDefender.

ReputationDefender : 17.4 millions d'euros de CA. Des professionnels au service de votre image virtuelle. Karlène est immaculée. Karl n'existe plus.

22 septembre 2009

Karlène & Sonia

Sonia Wolguelane utilise elle aussi des mots d'ordre, je connais beaucoup d'activistes qui les reprennent en coeur :
Vive la fiction qui nous rend vigoureux !

Il faut rendre le terrorisme économique sexy !
Echangeons nos mots d’ordre !

Transforme-toi en image étrange !

Imagine l’ennemi !

Sonia dit : il n’y a pas de lutte, il n’y a pas d’ennemi. Vous m’imaginez en tueuse alors que je ne fais que baiser. Et les puissants ne résistent pas à mes tenues professionnelles, je réalise le fantasme de chacun. Je ne tranche pas des gorges. Ils dégorgent. J’agite et dans leur moment de faiblesse leur transmet un virus tenace. Je leur transmets un bout d’Afrique, ils s’imaginent tenir une virilité de statut d’ébène, je leur rappelle le principe de réalité. Lorsqu’ils comprennent le prix payé pour une nuit avec moi, ils trouvent cela excessif. Mon geste politique est le seul possible. Tuer est si couteux. Ils ne mourront pas, ils sont riches, mais le traitement est si contraignant qu’il s’agit d’une mort sociale. Oui, je résous votre question à tous : quel comportement avoir ? Quel comportement la personne doit-elle adopter face au monde ? Inoculez-vous la maladie et transmettez-là à qui s’en sent indemne. C’est l’assassinat le plus doux qui n’en est pas un, pour lequel vous ne risquez rien pourvu que vous agissiez en tant que personnage clandestin. La lutte est féminine dorénavant.

Le monde de Sonia est dur.
Le monde de Karlène est dur.
Sonia et Karlène ne se sont jamais rencontrées. Suis-je la seule à faire le lien entre elles deux ?
Effectueront-elles une opération en commun un jour ?

19 septembre 2009

Paul Devautour cherche des traces de Karlène

« Nous deviendrons le fantasme de la femme désirable. Nous ne serons plus Karl mais Karlène. »

Paul Devautour bondit, paraît-il, lorsqu’il lut ce dernier message du blog de Karl. Je savais qu’il suivait les échanges des activistes, à l'instar de nombreux intellectuels engagés dans un travail de référencement artistique.

L'activiste Karl, dans le blog qu'il tenait, envoyait des mots d'ordre. Karl donnait des mots d'ordre avant tout à son usage personnel. Son blog était son thérapeute. Karl, près à se transformer, utilisait ce moyen d’expression pour se sortir de ses anciennes barrières. De ses antiquités.

« Nous ne seront plus accusés. »

« Nous avons une image de nous-mêmes négative. »
 
« Nous nous sentirons mieux après. »
 
« Notre psychologie lutte contre notre retournement. »

« Si je tuerai bien un trader, je baiserai plutôt une blonde. »

« Nous ne sommes pas des professionnels de l’action. »
 
« A la privatisation du quotidien nous répondons par notre amateurisme. »
 
« Nous deviendrons des femmes désirables. »
 
Le dernier message avait si fortement impressionné Paul Devautour qu'il cherche dorénavant les traces d'actions de Karlène.
 
Voilà ce que Paul Devautour propose à Krust : une mutualisation de moyens. Paul Devautour mettra à disposition des entreprises Krustiennes les créations fictionnelles de son école à Shanghai. Krust utilisera son réseau de fictionnaires dans les grandes métropoles à la recherche des objets touchés par Karlène.

18 septembre 2009

J'en termine avec Betty Hill

Ce midi, en mangeant avec moi, Krust se tenait informé de l'expérience que j'ai tenté avec Betty Hill.
Je lui explique que la rencontre que dit avoir effectuée Betty Hill, qu'elle dit avoir subie, ne s'est pas déroulée de la manière dont nous le savons. Et si sa version des évènements qui lui sont arrivés aboutissent à ce récit qu'elle tient, c'est en raison de la langue, c'est la raison de la langue qui s'est exprimée là, parce qu'en 1961 il n'était pas possible que l'anglais dise autrement que ce qu'elle a dit un évènement aussi stupéfiant.
La psychorencontrologue fit un autre récit des aventures extraordinaires de Betty Hill. C’est la première fois que la psychorencontrologie peut afficher un succès aussi significatif. L’ensemble des représentations du phénomène lié aux extraterrestres et aux UFO est à repenser. L’histoire est à réécrire. Notre imaginaire n’est pas adapté aux rencontres.
Je sais dorénavant que je devrais mettre en place des réflexes de pensée, des automatismes imaginaires qui devront être intégrés par des moyens subtils au monde du capitalisme. Coca Cola va être utile. Tous les concepts du marketing et du management de l’être humain vont être utiles.
-Krust, tu devras créer des fictions nécessaires à mon grand projet.

16 septembre 2009

Faire des affaires à Shanghai



Partir pour Shanghai. Passer quelques jours avec Krust. Il a rendez-vous avec Paul Devautour à l'école XiYiTang, afin de finaliser un projet entre fictionnaires.
Préparer une garde-robe surprenante, achats réalisés hier.
Lecture prête pour le voyage, un livre volumineux que je viens de trouver en librairie : La dernière révolution de Mao.
"On ne saurait comprendre la volonté aujourd'hui de la Chine communiste de devenir une superpuissance capitaliste sans en remonter à la source, traumatique : la Révolution culturelle."
J'aime ce qui est gros.
François Jullien m'avait déjà un peu déniaisée sur le sujet. Puis, avant hier, lue très rapidement cette B.D. : Une vie chinoise. La vie d'un petit garçon, dont le père va être prit dans la tourmente de la révolution culturelle.


15 septembre 2009

La langue de Betty Hill n'avait pas la bonne syntaxe

Je comprends désormais le désarroi de Betty Hill. Ce qu’elle avait dit sous hypnose en 1961, n'était qu'une histoire de langue.
Parce que je sais qu'existe cette relation entre la langue occidentalement centrée et la perception de la chronologie.

Il manquait à Betty Hill les éléments conceptuels pour dire ce qui lui était arrivée. Et si les propos de Betty Hill avaient été traduits dans une langue éloignée, une langue minoritaire, la langue glacée des esquimaux ? Se serait-on aperçu de la supercherie ? Betty Hill aurait-elle pu parler dans une langue étrangère ?
Je le sens, la rencontre que dit avoir effectuée Betty Hill, qu'elle dit avoir subie, ne s'est pas déroulée de la manière dont nous le savons. Et si sa version des évènements qui lui sont arrivés aboutissent à ce récit qu'elle tient, c'est en raison de la langue, c'est la raison de la langue qui s'est exprimée là, parce qu'en 1961 il n'était pas possible que l'anglais dise autrement que ce qu'elle a dit un évènement aussi stupéfiant.

11 septembre 2009

Une héroïne Volodinienne

Je relis Songes de Mevlido, le chef d'oeuvre d'Antoine Volodine, je cherche l'étrange et persistante attirance qu'il produit sur les hommes, plutôt qu'elle produit... Sonia Wolguelane.
Je sais Krust un lointain amoureux, et tous les activistes, parce qu'ils l'ont fait exister.
Les activistes l'aident depuis le réel de leurs jeux, et ils l’aiment non pas seulement pour son sens de l’action, non pas seulement pour ses doigts glacées supprimant à coups d’armes létales des ennemis si puissants, non pas seulement pour son sens de l’union groupusculaire, ils l’aiment et ils savent pourquoi, ses pas de chattes remuaient si délicatement son derrière, et c’est souvent qu’elle était devant eux qui la suivaient, et si par erreur, ou pour vérifier leur présence, elle se retournait de profil, sa taille apparaissait dans une minceur exquise, et son pull ainsi tendu révélait une splendide grenade.
- Combien d’entre  nous, jouant avec elle à la guerre, pensions un jour la dégoupiller. Sonia, toujours tu te retrouvais l’actrice involontaire de nos représentations mièvres du corps révolutionnaire.

10 septembre 2009

la langue fixe les chronologies

Je reste en France pour quelques jours encore, les discussions avec Maurice ont été déterminantes pour comprendre l'objet même de mon problème chronologique : comment Rolf Jensen n'était pas mort et comment Betty Hill, elle, l'était déjà.
Je disais à Maurice combien les 4000 langues du monde encombrent notre espace de communication, qu'elles ne comportent intrinsèquement aucune caractéristique de l’utilité la plus coutumière, qu'elles sont le fruit de circonstances impossibles à placer sur un diagramme scientifique correct, tellement de territoires fragmentés par des langues distincts et mutuellement incompréhensibles, alors même que le climat, le mode de vie et les besoins économiques sont similaires. Oui, Maurice, comprenez bien que jamais le darwinisme n’expliquera la profusion langagière de l’humanité. C’est une pandémie cause de nombreuses guerres, une seule langue, oui, et le malentendu humain sera divisé.

- Vous remplacez la division par la division.
- Moins c’est plus ! Vive la fin des langues, qu’en bien même 4000 langues prononçant mon nom seraient propres à produire sur mon corps un évanouissement concupiscant.
- Chaque langue, vous le savez Maurice, a des singularités si fortes que nous perdrions de la pensée à les faire disparaître. Pourtant ma fougue d’un avenir unifié qui établirait l’espèce d’ici vers l’espace et des contrées à explorer, et qui me conforte dans l’idée d’une unification salvatrice, me pousse à militer pour leur fin définitive. Parce que je sais, Maurice, que notre sentiment caractériel du temps, en Europe et dans la vieille Amérique, le temps Occidental est un flux vectoriel. Et je peux aller plus loin, vous savez que notre sens de la causalité par séquence /jusqu’au séquençage du génome ?/ que l’individu dont notre culture historique a fait un statut irréductible, que cela même qui représente notre tout, notre attitude face aux évènements comme notre attitude face à ce qui pourrait advenir des évènements futurs, oui, Maurice, vous savez que tout cela qui est fondamental est indissociable de la syntaxe indo-européenne.
- Maurice, les modèles de syntaxe indo-européenne inscrivent les substrats en nous du passé-présent-futur. Et de la disjonction pronominale entre le moi et la collectivité. Ce qui façonnent notre igloo, pardon, notre habitat commun… enfin, les éléments de la pensée Occidentale. J’en étais là.
- Vous en étiez-là Kroïne, lorsque votre langue a mélangée les histoires du passé, du présent et du futur. Et les outils technologiques qui vous placent dans ce flux d’une information immédiate vous fait à chaque fois les digérer, les transformer, par vos propres capacités à dire ce qui se passe dans le monde. Le prisme de vos aventures est le prisme de votre langue informative, l’anglais par lequel vous parliâtes avec Rolf Jensen est le même que celui qui vient de vous dire son assassina, mais entre temps votre pensée fictionnelle surdéveloppée a fourché votre envie d’aventure, votre soif d’enquête. J’ai bien peur que Rolf Jensen soit assez vivant pour déposer sur votre langue la matière séminale de ses cousins vikings, de retrouver la vigueur des conquérants du nord.

8 septembre 2009

Krust et mon problème chronologique

Je téléphone à Krust la bouche en forme de coeur.
Il m'apprend que Betty Hill est morte en 2004.
Il m'apprend que Rolf Jensen est bien vivant, puisqu'il vient de le quitter, après une longue réunion à Bentonville.
- Kroïne, tu as un problème chronologique. Tu n'arrives plus à stabiliser les informations issus de tes recherches.

7 septembre 2009

Je serai collectionneuse

Maurice a le don de m'inviter dans des endroits miteux, pour l'ennuyer je parle de Rolf Jensen, et pendant cette discussion où j'apprenais à Maurice le don des mets qui glissent sous la langue, tous les plats méticuleux que j'ai lentement ingérés, j'apprend sa mort sur mon flux informatif, reçut à mon oreille par mon portable simultanément, je dis à Maurice : Rolf Jensen est mort. C'est la première fois que ces deux noms furent autant rapprochés.
- Je veux retrouver l’objet manufacturé qui a ouvert le ventre de Rolf Jensen. Maurice, je mènerais une enquête minutieuse, je me ferais collectionneuse.
- Ne se pourrait-il pas qu’il s’agisse d’un défaut de ce tunnel ? Un peu d'embonpoint, un bout de plastique qui rebique et le trou est fait, euh... pardon, le tour est fait.
- L’objet existe c'est certain, j'imagine immédiatement une forme conçue uniquement à cette occasion, les designers sont nombreux, je lui attribue une valeur originelle, les meurtres des historiens du futurs se multiplieront, je veux en collectionner chaque pièce, à la manière dont vous imaginez votre plan de cinéma, je mettrai au point la possibilité de posséder des objets, et qu’importe leurs imaginaires, qu’importent s’ils n’ont pas fait d’actions exactes, ils n’en auront que plus de valeurs, parce que je le sens, ils se sont mis à être dans un état physique d’exactitude, et leur penchant à n’avoir pas réalisés l’action de ce pour quoi ils ont pourtant été l’objet n’en donne une valeur que plus importante.

5 septembre 2009

Maurice

Hier, je rêvais, repensant à mon premier rendez-vous avec Maurice, je le rejoins ce soir.
Les résultats de la rencontre entre Betty Hill et la psychorencontrologue me sont parvenus. Très intriguants. J'attends de les recouper avec une autre opération à venir pour vous annoncer les résultats. En 1961, l'hypnotiseur Benjamin Simon est en cause, orientant les résultats.
Dès mon arrivée à Lyon, Maurice m'interrogera dessus, même si je sais ses préoccupations très éloignées, il a cette délicatesse. Je lui dirais le mensonge de Betty Hill qui me bouleverse, que j'ai cette terreur d’une rencontre avec des E.T., que si  j'en rencontrais de manière inopportune, sans me préparer, comme se fut le cas de tous ceux qui disent en avoir rencontrés, je mourrais d’une crise cardiaque. Oui, Maurice, j’en mourrais, mon cœur n’y résisterait pas, et je sais que celui de toutes les autres personnes, encore moins préparées que moi, s’étreindrait autant que le mien, vous comprenez Maurice, j’accuse tous ceux que je recherche, tous ceux que j’interroge, de me mentir, de mentir, ou plutôt de n’être pas mort alors qu’ils l’auraient dû. De ne pas mourir à ma place que j’aurais dû prendre. Parce que mourir à ce moment devrait être cette réponse obligée à un évènement si considérable que le corps ni résisterait pas.
Maurice, Rolf Jensen me disait que Philippe Starck avait vu des tripodes martiens attaquer d’autres mondes, que c’est pour lui rendre hommage que H.G. Wells, par anticipation, en avant de la pensée, par saut chronologique, décrit le jus d’oranges sanguines que crachent les tripodes.
- Mais Kroïne, n’est-ce pas plutôt Spielbergson qui ose cette approximation dans son film ? Me dira Maurice.
- Vous savez très bien que je mets tout dans un même plan.
Un plan d’immanence. Un plan de rémanence. Un plan à fonds multiples et cinématographique où se voit dans la même scène plusieurs éléments de la vie inconcevables par l’état de la vie même. Par un jeu de premier plan, second plan, troisième plan, quatrième plan, flou devant puis flou derrière, tous tout net à certains moments, un allant dans le sens chronologique du futur l’autre allant dans le sens chronologique du passé, pendant qu’un troisième continue à être figé dans le présent, et qu’un dernier accélère passé-futur, un même plan… Maurice voulait faire du cinéma un art de la connaissance fulgurante, la pensée se dit mieux avec des images complexes et du son des paroles de la musique, un seul plan de quelques minutes expliquerait mieux la pensée entremêlée de Maurice, une pensée capable de s’accaparer les éléments les plus improbables, qu’ainsi est-il capable de comprendre le parcours de mes recherches, de le rapprocher de Gilles Deleuze tout aussi bien des pragmatistes américains, de quelques poètes devenus inconnus plus ils devenaient vivants, qu’il y aurait une extériorité arrivant là soudain, encore plus extérieurs que des civilisations disparues dont on ne sait rien, extérieurs spatialement, chronologiquement donc, extérieurs à la vie même, Maurice disposant de ses travaux, les incorporeraient sans mal. Sa pensée c’est la légion étrangère.

3 septembre 2009

Rolf Jensen

Rolf Jensen est un homme rassurant, il me parle de Philippe Starck, il en fait des rapprochements audacieux, il le connaît bien, il ne m'en faut pas plus pour avoir les yeux qui brillent, il rapproche objets fonctionnels et fiction, comment faire d’un robot ménager conçu pour presser une orange un objet fictionnel. Comment en faire un tripode, un objet martien, comment se sentir un martien issu d’un roman de H.G. Wells en pressant un orange pour en boire le jus, Rolf Jensen me raconte Philippe Starck, il imagine déjà du jus couler de mes lèvres, j'ai mis un orange à lèvre spécial sanguine. L’objet, un simple pressoir à fruit, va raconter l’histoire d’un tripode martien qui fait gicler son liquide partout sur la planète pour la conquérir, l’humain presseur, le matin au petit déjeuné, tout juste sorti de son sommeil, de ses rêves, tout juste à l’état d’éveil, à demi songeur, fantasmant sur un destin héroïque, tient entre les mains le destin d’une humanité qui a besoin de lui. Se sent-il martien ?
- Vous sentez-vous un peu martienne, Kroïne ? Il a ce ton danois, Rolf Jensen, il m'enseigne la manière de recueillir le jus, c’est la vision de Starck, vous comprenez Kroïne, chacun de ses objets il leur donne une densité fictionnelle, il les rapproche d’une trame narrative déjà existante dans la mémoire à histoires de l’utilisateur, dans la mémoire essentiellement du consommateur occidental. D’ailleurs, ses derniers objets sont destinés aux Chinois, il salarie des conteurs confucianistes, il a même employé le grand sinologue français François Jullien ! Et il vend, Starck est une multinationale de l’objet utile qui raconte une histoire.

2 septembre 2009

Betty Hill

Le subterfuge que j'ai imaginé, pour faire dire à Betty Hill la réalité de sa rencontre, se met en place. Demain je lui téléphone, juste avant de partir à Copenhague.
La psychorencontrologue prépare le dispositif.
Mon téléphone a été modifié afin que ma voix prennent les intonations subtiles de qui veut aider, mais de qui souffre également d'un mal inconnu. Un grain dans la voix qui lui ferait se souvenir celle de l'hypnotiseur, sa jeunesse à la chronologie écartelé par un évènement incertain.
Demain, Rolf Jensen sera devant moi, et ma voix ne me sera que d'une utilité négligeable. Je suis excitée, ce rendez-vous m'ouvrira-t-il des optiques majeures ?

1 septembre 2009

Je suis dorénavant là

Je suis dorénavant là.
Je suis dorénavant là.
Je suis dorénavant là.
Pour longtemps.