24 octobre 2009

"Stanislas Petrov nous a sauvé la vie" Stanislas Kirski

Stanislas Kirski m'a dit : "Mais dans mes rêves, je vois des missiles décoller, dans toute leur puissance. Le 26 septembre 1983. Je suis Stanislas. Oui, c’est mon prénom. Je suis ce Lieutenant-Colonel. Je vois cinq missiles lancés par les américains. C’est le signal que je reçois du satellite de mon système politico-économique. Il s’agit d’un satellite fiable. En raison de sa provenance, se sont mes camarades technoscientifiques qui l’ont construit. Ma doctrine est fiable. En 1983, je ne connais pas l’opulence du soldat américain. Je ne conduits pas un pick-up, je ne baise pas une américaine aux seins opulents, je ne dispose pas de la possibilité de manger la viande de bovins nourris par les prémices de maïs transgénique de la multinationale Monsento.


J’ai beaucoup de logique en moi. S’il s’agissait d’une véritable attaque de ces salauds de militaires américains qui bouffent de la viande grasse d’américaines teintées en blondes, le nombre d’engins serait beaucoup plus élevé.

Je n’ai pas été torturé. Mon double soviétique qui n’est pas moi, je le sais, j’ai déclenché l’alerte, j’ai tué définitivement toute possibilité de civilisation.

Stanislas Petrov n’a pas été torturé. Il a seulement été mis en retraite anticipé. Anticipant les retraites contraintes dans les industries de K ?

La torture était depuis longtemps une pratique abandonnée. Andropov, justement, y est pour beaucoup.

Nous savons. Nous le savons. L’alarme a été provoquée par un accroissement de l’activité solaire. Cela n’avait pas été intégré dans le logiciel du détecteur.

Les gouvernements des deux empires jamais n’auraient voulu cela. La logique oui. La logique est si puissante parfois. La logique militaire. La logique humaine de Stanislas Petrov, issu d’une logique militaire, qui plus est communiste, oui même la logique à la fois militaire et communiste, inconcevable pour toi de maintenant, c’est ce qui a permis que mon rêve ne soit pas vrai.

Parce que moi, je ne suis ni militaire ni communiste. C’est sans doute pour cela, me dit mon psychiatre américain, que j’aurais très certainement, par mon manque de courage, par la lâcheté de mon mode de vie, déclenché la guerre fatale. La guerre mondiale de trop.

Parfois, la viande d’une grosse américaine trop bien nourrit…

Il y a eu autant d’héros américains. Autant de cas.

Autant de K.

Tu crois très certainement, que c’est le 26 septembre que je me suis retrouvé dans ce bunker ultra-militarisé, à deux portes du clown Ronald Mc Donald. Amateur de Hamburger. Si R. Reagan était si proche de moi, ce fut au tout début du mois de novembre. L’OTAN entame un exercice.

« Able Archer 83 ».

Une opération insensée qui consiste à vérifier le bon fonctionnement des procédures de contrôle et de commandement et de communication qui permettraient l’utilisation des armes nucléaires. Rien de moins. Tout à fait banal. Chacun s’amuse avec ce qu’il a sous la main.

Ce n’était pas le bon moment.

La date était mal choisie.

Or il s’agit de simulation.

Et chacun opère des simulations. C’est d’ailleurs de simulations que produisent les rêves.

Or, les militaires soviétiques pensent que si les USA devaient provoquer une attaque surprise, se serait pendant un exercice de simulation de l’OTAN. Une fausse simulation donc.

Capable de dissimuler des préparatifs jusqu’au dernier moment.

La grande crise de 1983 ou la fin du monde sans que personne ne le sache.

Alerte maximale de certaines forces stratégiques communistes.

Tu imagines le sang froid.

Si la logique informatique, si la technique et le cerveau des logiques techniques avait pris le dessus… Je te le dis, je le sais maintenant, seuls les reflexes humains nous ont préservés du pire. Oui, le propre de l’homme c’est de ne pas avoir, parfois, appuyé sur un bouton déclencheur, et parfois à une échelle très fine, celle d’un pilote d’avion, oui, à ces moments terribles, dans ce début du mois de novembre 1983, un pilote communiste avait au bout de son doigt le contrôle total. Au bout de son doigt, la capacité de ses missiles, plusieurs, et dedans les bombes H.

Un seul doigt.

Celui d’un militaire communiste."