23 octobre 2009

1983, année du risque atomique

Je reprends, jusqu'à la fin de la semaine, des extraits des longs entretiens que j'ai eu l'occasion d'avoir avec Stanislas Kirski, l'année dernière. Il est mort désormais et son nom peut enfin être prononcé.

"Mes rêves ne sont pas là, mes rêves ont oublié jusqu’à cette date, mes rêves ne se souviennent que de l’automne 1983, j’étais dans ce bunker, cette fois ils ont faillis m’atomiser mes camarades, m’envoyer un gros missile au plutonium dans le cul, et cette fois j’y ai crus plus que cette tenaille qui allait me faire sortir mes dents une à une.
Si j’avais été Stanislas Petrov, aurais-je transmis les informations données par les détecteurs ?

Aurais-je été torturé si je ne l’avais pas fait ?

Stanislas Petrov est un homme. C’est certain. Il appartient à l’espèce humaine. S’est-il sentit plus homme de l’humanité universel ou homme communiste ?

Comment a-t-il pu désobéir ?

Le 26 septembre 1983, le satellite OKO.

OKO.

Le symbole « O » entoure ce K que ne saurait voir l’URSS. Le communisme comme alternative de l’expérience politico-économique à K.

OKO est un satellite d’observation.

Il signale à trois reprises le lancement de missiles intercontinentaux américains.

Tu fais quoi ?

Va-t-on me torturer si se sont des vrais ?

Je suis Stanislas. J’ai deux filles.

Il a deux filles.

Comme moi, il se nomme Stanislas.

Je suis lieutenant-colonel. Si je donne les informations des détecteurs, à tout moment la logique militaire de mon pays, la logique de mon environnement quotidien, et l’américain aurait fait de même, oui, le militaire américain aurait fait de même, oui, l’URSS aurait pu déclencher une attaque nucléaire contre mon nouveau pays qui ne songerait jamais à me torturer. Aucune de mes erreurs prédictives n’auraient donné des arguments en faveur des hommes patibulaires et manipulateurs des services spéciaux américains pour me torturer dans cette pièce si sordide pour vendre mon amour. A part ce connard de McCarthy, mais quand je suis arrivé il n’était plus qu’un alcoolique minable en train de crever du foie. Même en 1989, lorsque je prédisais avec fougue, et que tous m’écoutaient : « continuez la guerre totale des étoiles ! Je ne leur donne pas trente ans ! » Six mois après l’empire soviétique se trouait de partout. Fin de l’expérience. Game over. Pendant une semaine je ne dessaoulais pas. Vodka sur vodka. En une semaine j’ai pu faire dix cirrhoses du foie.

Là fois où le monde a faillit disparaître. Le 26 septembre 1983. Et il y a eu d’autres cas, des dates qui devraient être fêtées, des cas où une seule personne a eu un rôle pour l’humanité entière, un personne qui n’était ni Reagan ni Andropov. Une personne qui n’était président de rien.

Un militaire.

J’adore les militaires. Se sont eux qui ont sauvé le monde. Les seuls hommes capables de faire exploser tous les pays et ne l’ayant pas fait. Des hommes remarquables.

Le militaire est ce métier le plus beau du monde, la grandeur de l’espèce humaine, quand ils avaient les moyens de tout exploser, ils ne l’ont pas fait. Et vous voulez les accusez d’un crime insensé parce qu’ils auraient dissimulé des informations à propos des extraterrestres ? Mais les seuls héros de l’histoire humaine, se sont les militaires !

Stanislas Petrov est l’officier de garde. Il pense avec ses rêves. Ses rêves lui disent que les signaux de OKO sont dus à un dysfonctionnement du système de détection du satellite. Il ne déclenche pas la procédure d’alarme.

Il est exceptionnel qu’un homme endoctriné ait joué un rôle aussi important dans l’histoire de l’humanité en n’appliquant pas les consignes pavloviennes qui lui ont été inculquées.

Parce que la doctrine nucléaire soviétique était à cette époque là précisément la frappe sur avertissement.

Ce qui signifie le départ de toutes les fusées préventives.

La prévention signifie la mort de l’autre avant sa propre mort.

La prévention signifie avant même d’avoir reçu une explosion sur mon territoire j’envoie mes missiles sur l’autre territoire. Des missiles devant agir préventivement.

Bref. Sensées exploser à quelques minutes d’écart.

Et je sens dans mes rêves, agissant au même niveau que des fantasmes, c’est ce que me dit mon psychiatre américain, une profession réprouvée par mes descendants communistes, mais Petrova n’a pas eu le temps de m’en donner, Petrova, je ne lui ai pas donné la chance de m’en faire, Petrova, avais-tu dans ton ventre le corps de ma descendance ?

Je me pose cette question."